LES COURRIERS COMMENCENT À ARRIVER EN MAIRIE. IL VA FALLOIR EMBAUCHER DES SECRÉTAIRES
Manuel Grenier
2059 route du Fousseret
31420 FRANCON
Le
26/06/2019
Madame la Maire de
St-Véran,
Ayant fréquenté très
souvent le Queyras depuis mon enfance, il m’est resté si cher que j’y ai fait
bâtir un chalet ou je séjourne maintenant le plus souvent possible. Ce
printemps, j’ai été surpris que ce projet de téléphérique au Pic de Châteaurenard
soit pris au sérieux et promu par une partie de la municipalité de St-Véran. J’ai
participé à une réunion publique où les intervenants ont fait part de leurs
doutes quant à la viabilité économique du projet, et de leur refus de voir leur
destin lié pour des années à des intérêts privés.
Personnellement, je voudrais
insister sur le fait que le site exceptionnel et réputé de St-Véran fait partie
de notre patrimoine à tous. De ce fait, son destin n’appartient pas
exclusivement aux St-Vérannais, dont certains ne sont apparemment pas
conscients des dommages irrémédiables qu’ils sont prêts à lui infliger, pourvu
qu’il y ait un espoir (hypothétique) de retombées économiques. Le Queyras est
une des rares régions des Alpes qui ont échappé à la course aux équipements et
reste, comme vous le savez, une destination pour les amoureux de la nature et de
la montagne préservée. Si votre projet se réalise, ceux-ci éviteront St-Véran
et les foules de touristes (que vous espérez), les parkings souterrains payants
et le versant défiguré par des câbles et des grands pylônes. Si votre projet se
réalise, le Queyras rate sa chance d’être un exemple de développement d’un
tourisme doux, respectueux des paysages, de la nature et de ses habitants.
Etes-vous consciente du
fait que les temps ont changé ? Qu’on ne peut plus faire fi des préoccupations
écologiques et ne se soucier, comme dans les années 70, que d’attirer plus de visiteurs
et de skieurs (avec leurs voitures, bien
sûr) avec des équipements grandioses et énergivores ?
En ces jours qui voient
tous les records de chaleur exploser dans les Hautes-Alpes, (en février, ils
ont été battus aussi, et ne doutez pas qu’ils seront à nouveau battus sous peu),
j’espère que vous vous posez la question : « et dans 30 ans, quel
enneigement aura-t-on ? ». Croyez-vous que l’évolution de ces dernières
années va s’arrêter ? J’ai envie d’ajouter : « combien de forêts
dans le Queyras seront-elles parties en fumée ? Aura-t-on les moyens
de les protéger ? »
Si nous sommes personnellement
responsables de nos comportements, vous-même, en tant que responsable d’une
communauté, vous l’êtes encore beaucoup plus. C’est vous qui orientez les
choix. Et dans 30 ans, quand il n’y aura quasiment plus de glaciers dans le
massif des Ecrins, nos descendants pourront se demander pourquoi à St-Véran on était
encore dans l’optique du « toujours plus », plus de voitures, plus de
loisirs mécanisés, pourquoi on continuait de grignoter les espaces naturels
pour essayer d’exploiter financièrement, à coups d’équipements lourds, les
dernières traces de neige de ce versant sud…
Je vous demande donc d’y
renoncer, et cette décision vous honorera car elle ira dans le sens de
l’évolution de notre société qui, tôt ou tard, n’acceptera plus que des projets
écologiquement responsables.
Veuillez agréer, Madame,
mes salutations distinguées.
Manuel Grenier
Membre de
Mountain Wilderness France
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