Altitude news du 30 juillet 2019



Queyras : un téléphérique géant pourrait « défigurer » Saint Véran !

Jusque là préservé par le tourisme de masse, le Parc Naturel Régional du Queyras pourrait voir la commune de Saint Véran changer la donne. En cause, un projet de téléphérique qui pourrait être construit entre le village et son observatoire, installé à 2.930 mètres, sur le Pic de Chateau Renard. Un projet soutenu par Danielle Guignard, maire de la commune, et François Taris de l’Observatoire de Paris, en charge des installations scientifiques de Saint Véran. S’ils se défendent d’ouvrir la porte au tourisme de masse, ils font face à un certain nombre de remous. Une partie de la population pointe du doigt certaines conséquences potentielles d’une nouvelle installation, les élus du Parc du Queyras ont même donné un avis défavorable en l’absence d’une étude d’impact plus poussée. Que contient donc ce projet et que risque Saint Véran, ce petit village labellisé « Plus beaux villages de France »  ?

Un projet scientifique ET touristique

L’idée de ce téléphérique est liée aux projets de l’observatoire. Ce dernier, géré par des associations locales et utilisé par les équipes de l’Observatoire de Paris, se développe progressivement depuis les années 1970. Dernier projet en date, l’installation d’un télescope flambant neuf pour prolonger des recherches liées notamment à l’observation de « Noyaux Actifs de Galaxies ». Une ambition qui nécessite « une accessibilité toutes périodes pour la sécurité des biens et des personnes ». La piste 4×4, accessible seulement aux beaux jours, ne répond que partiellement à ce besoin. A l’image du téléphérique du Pic du Midi (Pyrénées), l’Observatoire se voudrait relié à la civilisation toute l’année. Outre les scientifiques, l’installation pourrait également transporter des touristes.
Lire aussi : Pétition contre le Club Med de Valloire !
Avec un débit prévu de 600 passagers par heure, et une exploitation sur quelques 270 jours par an, l’arithmétique promet une capacité supérieure à un million de visiteurs par an. Un chiffre théorique qui ne sera évidemment jamais atteint ; les promoteurs du projet penchent pour environ 100.000 personnes par an, au bout de 5 ans. En clair, 400 visiteurs par jour seraient susceptibles d’emprunter le téléphérique, presqu’autant qu’au Pic du Midi. Entre chiffres théoriques et estimations des porteurs du projet, la vérité est quelque part. L’accessibilité (complexe) du Queyras et de Saint Véran ne garantit pas la foule des grands jours.
En parallèle, le projet comprend d’autres travaux permettant d’offrir aux touristes une capacité d’accueil et hébergement à l’Observatoire. Ces derniers pourraient ainsi profiter de la pureté du ciel de Saint Véran pour observer les étoiles, le temps d’une nuit à quelques 300 €. Ajoutés aux près de 30 € de montée par personne, le budget vacances dans le Queyras risque d’augmenter sérieusement si l’on veut profiter de cette nouvelle offre.
Plus d’informations dans l’Etude de Faisabilité !

Un impact sur le paysage et bien plus…

Selon les opposants au projet, les conséquences (négatives) seraient multiples. A commencer par un impact sur le paysage. Les différents scénarios évoqués prévoient la construction de 6 à 7 pylônes mesurant entre 25 et 35 mètres pour supporter la ligne et ses deux cabines. En comparaison à des alpages vierges de toute installation, le paysage serait indéniablement affecté. En plein cœur d’un Parc Naturel Régional, cet impact est à souligner.  
Le deuxième adjoint de la commune, Mathieu Antoine, fait partie des détracteurs du projet. Il a d’ailleurs lancé une pétition qui a récolté près de 12.000 signatures. Parmi lesquelles une poignée d’habitants du village seulement (selon Madame le Maire). Il met en avant « l’ouverture d’un nouveau domaine skiable » qu’il évalue à près de 15 kilomètres carrés. Ces espaces hors-piste seraient effectivement rendus accessibles par le téléphérique. Aujourd’hui, pour y skier, il faut monter jusqu’au Pic de Chateau Renard en ski de randonnée ; la fréquentation est donc très faible. En été, ce sont les VTT qui pourraient profiter de ce nouvel espace soudainement rendu accessible. A ce stade, ces nouvelles fréquentations (et leurs conséquences sur l’environnement) n’ont pas été évaluées.
Dans une lettre adressée à Reporterre qui avait évoqué ce projet, la Maire de Saint Véran souligne qu’à aujourd’hui : « aucun risque sur l’environnement n’a pour l’instant été pointé ». Elle met en avant un « projet de tourisme raisonnable et raisonné ». Ce projet, estimé à 25 millions d’Euros, serait aux deux tiers financé par le futur opérateur de la remontée mécanique.
Illustration  Saint Véran © mossot

Commentaires

Articles les plus consultés